Chronique sur "American Sniper" :

Publié le par Yorick Serriere

Quelques mois avant sa sortie, le projet “American Sniper” sort de son anonymat. Réalisé par Clint Eastwood pour qui Bradley Cooper jouera le rôle principal. L'excitation se fait resentir. Puis le premier teaser débarque. Le choc. Une scène, 2 minutes, Cooper, sur le terrain, en joue, voit deux individus sortir dans une rue face à ses frères d’arme. Une femme et un enfant, “she’s carrying something. She has a grenade”. Musique et bruits se fondent en un silence, seul le souffle du sniper raisonne. Tirera? Tirera pas ? La tension est à son comble, l’impatience pour un film qui sortira quelques mois plus tard aussi.

Chronique sur "American Sniper" :

American Sniper raconte l’histoire vraie de Chris Kyle, le sniper le plus meurtrier de l’armée américaine qui a servi pendant la guerre d’Iraq. Aux yeux des américains, ce tireur d'élite des Navy SEAL est devenu une vraie légende. À travers le portrait de ce héros controversé, dont le “seul regret est de ne pas en avoir tué davantage”, on y trouve la guerre d’Iraq dans toute sa cruauté.

 

Cinématographiquement parlant, ce film est une vraie réussite. La réalisation de Clint Eastwood est impeccable, ses scènes sur le terrain de haute intensité nous coupent littéralement le souffle. La performance de Bradey Cooper est elle tout aussi irréprochable; il livre probablement la prestation la plus prenante de sa carrière. Le film ainsi que l’acteur sont d’ailleurs en lice pour les prochains Oscars.

Chronique sur "American Sniper" :

 

Seulement, le problème vient plus du fond. On doute aussi sur la morale de ce film qui divise aux États Unis. En effet, si Clint eastwood, ne sublime pas la guerre, il ne la dénonce pas non plus (nous offrant quelque punchlines un peu lourdes telles que “Get some motherfuckers” ou encore “an eye for an eye”). Il délivre aussi des scènes presque clichées d’un amour sans limite de ces soldats envers la bannière étoilée. On connaît les travers de la guerre qui ont construit cette histoire, tel que le traumatisme d’après guerre et la réinsertion. Dans ce cas, pourquoi ne pas les dénoncer plus clairement ? En effet, American Sniper se contente de les mentionner sans montrer un avis plus marqué. Ce point faible du film atteint son paroxysme lorsque pour le final, le réalisateur se contente d’écrire sur fond noir la tragique fin de l’histoire sans même l’exploiter à l’écran.

 

Cinématographiquement réussit mais moralement litigieux, American Sniper est un succès en demi teinte qui fait et fera parler de lui comme une oeuvre contestable

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3,5/5
 
Notre précédante critique : NightCall 

Publié dans Critiques

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